La mastectomie prophylactique bilatérale repose sur l’ablation préventive des deux seins. Cette opération est proposée aux femmes qui ont un risque élevé d’être touchées par un cancer du sein, notamment en cas de mutation génétique BRCA. La plupart du temps, une reconstruction mammaire immédiate est réalisée dans le même temps opératoire.
Qui est concerné par cette intervention ? Quelle est la surveillance à adopter ? Comment prendre sa décision ? Voici les informations à connaître.
La mastectomie prophylactique bilatérale - chez quel profil de femme ?
La mastectomie prophylactique désigne la chirurgie du sein qui permet de retirer ce dernier de manière préventive, c’est-à-dire, en l’absence d’un cancer. Généralement, cette intervention est bilatérale et consiste à enlever les deux seins. L’intervention est envisagée chez les femmes qui présentent un risque très élevé de voir apparaître un cancer du sein dans le futur :
- Les femmes porteuses d’une mutation génétique (BRCA1 ou BRCA2, mais il existe d’autres mutations génétiques capables d’augmenter le risque de cancer, comme les mutations PALB2, PTEN, TP53, CDH1, ou STK11).
- Les femmes aux antécédents familiaux de cancer chargés évoquant la possible présence d’une mutation génétique, même en l’absence d’identification antérieure (une recherche est alors proposée).
Au vu des évolutions rapides de la recherche génétique, de nombreux autres gènes ont été identifiés ces dernières années comme potentiels facteurs de risque élevé de cancer du sein. Ainsi, une patiente ou une famille ayant un résultat négatif suite à une recherche effectuée il y a une dizaine d’années peut avoir un résultat différent aujourd’hui.
Mastectomie prophylactique & risque de cancer élevé : opérer ou surveiller ?
Une surveillance rapprochée est instaurée pour les femmes qui présentent un haut risque de cancer du sein. En règle générale, elle consiste à organiser des consultations tous les six mois et de réaliser une mammographie, une échographie mammaire, et éventuellement une IRM mammaire tous les ans. En cas de doute, une biopsie est préconisée. Ce suivi étroit permet de repérer au plus tôt les tumeurs pour instaurer rapidement un traitement adapté.
La mastectomie prophylactique est proposée si le risque de cancer futur est trop élevé. Certaines patientes porteuses d’une mutation génétique BRCA1 ou BRCA2 peuvent aussi la demander.
La surveillance n’empêche pas la survenue du cancer, mais permet de le traiter à un stade relativement précoce lorsqu’elle survient pour maximiser les chances de guérison sans rechute. La chirurgie prophylactique est le seul moyen efficace d’empêcher la survenue de la maladie, puisque le risque de voir apparaître un cancer du sein après cette opération préventive chute à moins de 5 %. Ce risque oscille entre 40 et 75 % en présence d’une mutation génétique identifiée.
L’ablation préventive des deux seins est envisageable dès 30 ans. Si la mutation porte sur le gène BRCA1, le risque de développer un cancer très jeune est plus élevé. Si la mutation concerne le gène BRCA2, le risque est un peu moins élevé et la décision est à évaluer en fonction de l’âge des membres de la famille touchés par le cancer au moment du diagnostic.
Mastectomie prophylactique : se faire accompagner dans la prise de décision
Choisir la mastectomie prophylactique peut être une décision ardue. Envisager une ablation totale de ses deux seins à un jeune âge et en l’absence de maladie est paradoxal, notamment pour les femmes non porteuses d’une mutation génétique, mais donc les antécédents familiaux chargés constituent un risque très élevé de cancer. Surtout lorsque l’on sait que les progrès chirurgicaux permettent aujourd’hui d’éviter le plus possible une mastectomie totale en cas de cancer du sein.
Le risque peut être difficile à évaluer, et de fait, la décision devient délicate. Dans ces conditions, un accompagnement médical et psychologique peut aider les patientes.
Le choix d’opter pour la mastectomie prophylactique bilatérale n’est jamais à prendre à la légère et doit faire l’objet d’une réflexion aboutie et éclairée. Il n’y a pas d’urgence. Pendant la surveillance et tout le processus de réflexion, des consultations sont organisées avec différents spécialistes du cancer du sein. Ainsi, plusieurs professionnels de soins sont amenés à nourrir votre décision. Le spécialiste d’oncogénétique vous aide à mesurer le risque de voir apparaître un cancer du sein, même en l’absence de mutation génétique diagnostiquée.
Votre cancérologue ou chirurgien vous aide aussi dans ce processus pour savoir s’il faut établir une surveillance rapprochée (avec consultations régulières et examens d’imagerie nécessaires) ou une chirurgie d’ablation des seins. Par ailleurs, il faut savoir qu’en présence d’un risque de cancer trop élevé, le praticien peut vous proposer l’ablation des ovaires et des trompes.
Avant de décider, votre équipe de soins peut vous proposer un accompagnement psychologique auprès d’un professionnel spécialisé. En effet, les conséquences d’une telle chirurgie sur la vie quotidienne déstabilisent potentiellement certaines patientes, qui doivent vivre avec des seins reconstruits en l’absence de maladie.
La reconstruction mammaire lors d’une mastectomie prophylactique
Avant de réaliser la mastectomie prophylactique, vous rencontrez votre chirurgien pour discuter des différentes options de reconstruction des seins. Dans la grande majorité des cas, la reconstruction mammaire est réalisée dans le même temps opératoire : on parle alors de reconstruction mammaire immédiate. Cela permet de conserver la plaque aréolo-mamelonnaire durant l’ablation.
La reconstruction des seins peut se faire selon deux techniques :
- la reconstruction mammaire avec prothèses mammaires (la plus fréquente)
- la reconstruction mammaire par lambeau (plus rare)
Ensemble, vous discutez de la taille, de la forme, et de la technique la plus adaptée à votre situation.
L’ablation des ovaires et des trompes
Chez les femmes porteuses d’une mutation génétique (BRCA1 ou 2, PALB2, RAD51C ou D, MMR) et celles qui ont des antécédents familiaux de cancer de l’ovaire, on propose souvent de retirer aussi les ovaires et les trompes. On parle alors d’annexectomie prophylactique.
Cette intervention est envisagée à partir de 40 ans. Elle permet de diminuer le risque de développer un cancer de l’ovaire mais contribue aussi à la réduction du risque de cancer du sein. Toutes ces informations vous sont communiquées au cours des consultations préopératoires afin de vous présenter tous les éléments à votre prise de décision.