Les gènes BRCA1 et BRCA2 assurent la réparation de l’ADN. Lorsqu’ils sont mutés, leur fonction protectrice disparaît et le risque de développer un cancer du sein ou un cancer de l’ovaire augmente fortement. En France, environ 2 femmes sur 1 000 seraient porteuses d’une mutation BRCA, soit près de 120 000 femmes (INCa). La prise en charge repose sur la surveillance spécifique BRCA, une éventuelle chirurgie prophylactique et de plus en plus à des thérapies ciblées.
Que signifient BRCA1 et BRCA2 ?
Les gènes BRCA appartiennent à la famille des gènes suppresseurs de tumeurs. Ils corrigent les cassures double brin de l’ADN par recombinaison homologue. En cas d’altération, les anomalies s’accumulent et favorisent la cancérisation. La transmission est autosomique dominante : un enfant d’un parent porteur a 50 % de risque d’hériter de la mutation.
Comment savoir si l’on est porteur du gène BRCA1 ou BRCA2 ?
Un test génétique BRCA peut être proposé si l’histoire familiale est évocatrice :
- Cancer du sein avant 40 ans
- Cancer du sein triple négatif diagnostiqué avant 51 ans
- Cancer de l’ovaire séreux de haut grade
- Plusieurs cas de cancers du sein et/ou de l’ovaire dans une même lignée
Lors d’une consultation d’oncogénétique, l’historique familial est analysé, puis un test est prescrit si le risque est confirmé. Les résultats conditionnent la stratégie de prévention du cancer BRCA et de surveillance spécifique BRCA.
On distingue alors deux cas de figure :
- Test positif : confirmation d’une mutation BRCA1 ou BRCA2, mise en place d’un suivi intensif (IRM annuelle, mammographie, examens cliniques) et discussion de chirurgies prophylactiques (mastectomie, annexectomie).
- Test négatif : si la mutation n’est pas retrouvée, la patiente revient au niveau de risque de la population générale, et la surveillance reste celle recommandée pour toutes les femmes.
Quels sont les risques d’une altération des gènes BRCA1 et BRCA2 ?
Les risques varient selon le gène muté :
- BRCA1 : risque de cancer du sein d’environ 65 % et de cancer de l’ovaire d’environ 45 % avant 70 ans
- BRCA2 : risque de cancer du sein d’environ 45 % et de cancer de l’ovaire d’environ 12 %
Les cancers liés à BRCA1 apparaissent plus tôt et sont souvent triples négatifs. Les cancers liés à BRCA2 sont plus fréquemment hormono-dépendants.
À savoir : Une mutation BRCA expose aussi à un risque accru de cancer bilatéral du sein. Chez l’homme, BRCA2 augmente le risque de cancer du sein masculin et de cancer de la prostate.
BRCA1/BRCA2 : peut-on prévenir l’apparition d’un cancer du sein ou des ovaires ?
Deux grandes approches existent : la chirurgie prophylactique et une surveillance spécifique adaptée à BRCA.
La mastectomie prophylactique BRCA réduit le risque de cancer du sein de plus de 90 % (BRCAfrance). L’annexectomie prophylactique BRCA diminue fortement le risque de cancer de l’ovaire et réduit de moitié le risque de cancer du sein si elle est réalisée avant la ménopause.
La surveillance BRCA inclut une IRM mammaire annuelle dès 30 ans, une mammographie régulière et un examen clinique tous les 6 mois.
Le choix doit tenir compte de l’âge, du projet parental et de l’histoire familiale.
Quel est le suivi des femmes porteuses d’une mutation BRCA1 ou BRCA2 ?
Le suivi médical comprend :
- Une surveillance mammaire BRCA : examen clinique semestriel, IRM annuelle, mammographie ou échographie adaptée selon l’âge
- Une surveillance ovarienne : examen gynécologique annuel, l’échographie et le CA125 n’étant pas fiables pour le dépistage
Certaines patientes choisissent un accompagnement psychologique. Les proches peuvent également bénéficier d’une consultation d’oncogénétique pour évaluer leur propre risque.
Au Centre de Chirurgie de la Femme à Paris (CCFP), une prise en charge multidisciplinaire spécifique aux mutations BRCA est proposée, associant oncologues, chirurgiens et conseillers en génétique, afin de combiner dépistage, prévention et traitement.
Quel est le traitement d’un cancer du sein BRCA ?
Le traitement du cancer BRCA suit les recommandations habituelles : chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, et hormonothérapie si le profil tumoral le permet. Toutefois les cancers BRCA1 étant souvent triple négatifs, ils ne répondent pas bien à l’hormonothérapie.
Les inhibiteurs de PARP pour BRCA (Olaparib) se sont imposés comme thérapie ciblée, en adjuvant ou en cas de rechute. Ces médicaments bloquent la réparation de l’ADN, ce qui entraîne la mort sélective des cellules cancéreuses.
Quel est le traitement du cancer de l’ovaire BRCA ?
Le cancer de l’ovaire BRCA muté est souvent un carcinome séreux de haut grade. Il est sensible aux sels de platine, avec des réponses prolongées.
De plus, les inhibiteurs de PARP pour BRCA (Olaparib, Niraparib, Rucaparib) sont devenus un standard en traitement d’entretien, en première ligne comme lors des rechutes. Leur efficacité repose sur le mécanisme de « synthetic lethality » : l’incapacité de la cellule tumorale à réparer son ADN entraîne sa mort.
À savoir : L’annexectomie prophylactique BRCA reste la méthode la plus efficace pour prévenir un cancer de l’ovaire, surtout après la fin du projet parental.
Questions fréquentes sur le BRCA1 et BRCA2
À quel âge faut-il faire un test BRCA ?
Il est recommandé de consulter un oncogénéticien dès lors qu’il existe plusieurs cas de cancers du sein ou de l’ovaire dans la famille, ou un cancer du sein diagnostiqué avant 40 ans. Le test peut être proposé dès 30 ans, voire plus tôt selon l’histoire familiale.
Quelle différence entre BRCA1 et BRCA2 ?
Les deux gènes participent à la réparation de l’ADN, mais les risques diffèrent : BRCA1 expose davantage au cancer du sein (65 %) et au cancer de l’ovaire (45 %), BRCA2 davantage au cancer du sein hormono-dépendant (45 %). BRCA1 est aussi plus souvent associé au cancer triple négatif.
La mutation BRCA touche-t-elle uniquement les femmes ?
Non. Les hommes peuvent aussi être porteurs. Une mutation BRCA2 augmente le risque de cancer du sein masculin et de cancer de la prostate.
Une mutation BRCA signifie-t-elle forcément qu’un cancer va apparaitre ?
Non. La mutation accroît le risque mais ne prédit pas avec certitude. Le risque n’est jamais de 100 %.
