La mastectomie est une opération chirurgicale indiquée dans le traitement de certains cancers du sein. Contrairement à la tumorectomie, il s’agit d’une ablation totale du sein, mamelon et aréole compris. La perspective de subir une mastectomie est souvent anxiogène pour la patiente, notamment parce que l’ablation d’un sein peut affecter profondément la perception de soi, nuisant ainsi à l’aisance sociale et au bien-être psychologique.
De fait, il est important de savoir que le traitement du cancer du sein ne se limite pas à l’ablation du sein : le suivi médical et psychologique de la patiente est au cœur du traitement oncologique, et la reconstruction mammaire est presque toujours envisageable.
La mastectomie dans le traitement du cancer du sein
Le cancer du sein est le cancer féminin le plus répandu en France, et affecte environ 1 femme sur 9 avant l’âge de 70 ans. Dans 1 cas 3, la mastectomie est le traitement le plus indiqué pour offrir aux patientes les meilleures chances de guérison sur le long terme.
La mastectomie, ou chirurgie mammaire non conservatrice, est une opération chirurgicale consistant à ôter le sein dans sa totalité. Elle se distingue de la tumorectomie, ablation de la tumeur cancéreuse seule (ou chirurgie conservatrice), qui vise à conserver le plus de tissus sains possible. La mastectomie est indiquée lorsque la tumorectomie n’est pas réalisable, soit parce que la forme, la taille et/ou la localisation de la tumeur ne permettent pas son exérèse, soit parce qu’il existe un risque élevé de récidive.
Les cancers du sein inflammatoires et infiltrants, notamment, sont propices aux récidives, des cellules cancéreuses indétectables – donc inopérables – risquant d’avoir colonisé les tissus voisins de la tumeur. Dans le cas de cancers du sein présentant plusieurs tumeurs localisées dans des quadrants différents du sein, l’ablation mammaire totale demeure également généralement la meilleure option.
Enfin, la mastectomie peut être pratiquée à visée préventive chez les femmes présentant une forte prédisposition génétique. Celle-ci se manifeste par une mutation des gènes BRCA 1 et/ou BRCA 2, impliquée dans moins de 10% des cancers du sein.
Modalités de la mastectomie
On distingue deux types de chirurgies non conservatrices du sein :
- La mastectomie totale
- La mastectomie radicale modifiée.
La mastectomie totale, aussi nommée mastectomie simple, consiste en l’ablation du sein, de l’aréole, du mamelon et du revêtement des muscles thoraciques. Elle est indiquée en cas de cancer in situ (localisé) décelé à un stade précoce, lorsque les ganglions lymphatiques avoisinants ne semblent pas avoir été touchés.
La mastectomie radicale modifiée implique, en plus de la mastectomie totale, l’ablation de certains ganglions axillaires (situés au niveau de l’aisselle).Ces derniers sont analysés après avoir été ôtés afin de déterminer avec précision s’ils contiennent des cellules cancéreuses, ce qui permet d’adapter la suite du protocole de traitement en fonction du stade de la maladie.
La préparation de l’opération de la mastectomie
La préparation de l’opération permet d’effectuer différents examens visant à guider la chirurgie et à adapter le protocole d’anesthésie à l’état de santé de la patiente, mais aussi à répondre à toutes ses questions. Cette étape doit permettre à la patiente d’évoquer ses potentielles préoccupations avec le chirurgien et l’équipe médicale avant l’opération, que cela concerne l’intervention chirurgicale en elle-même ou ses suites.
La question de la reconstruction mammaire, qui peut parfois être effectuée au cours de la même intervention que la mastectomie, mérite notamment d’être abordée en amont de l’opération. Il convient de noter que la reconstruction mammaire fait partie intégrante du traitement contre le cancer du sein et, à ce titre, est prise en charge par l’Assurance Maladie.
Même si la patiente n’envisage pas cette option en premier lieu, il demeure important d’évoquer cette intervention afin de s’assurer qu’elle y renonce par choix personnel et non à cause d’un manque d’informations sur le sujet et/ou de craintes infondées sur le déroulement ou les suites de l’opération.
Déroulement d’une mastectomie dans le traitement du cancer du sein
La mastectomie se déroule à l’hôpital, sous anesthésie générale. Il s’agit d’une opération courante, relativement simple, effectuée par un chirurgien oncologue (spécialisé dans le traitement chirurgical des cancers). Une mastectomie totale simple dure environ 30 minutes, quand une mastectomie radicale modifiée peut durer 45 à 60 minutes.
Durant l’opération, le chirurgien ôte les tissus mammaires dans leur totalité, ainsi que les ganglions lymphatiques le cas échéant. Des drains sont posés sur le site opéré pour favoriser l’évacuation du sang et de la lymphe et faciliter la cicatrisation, puis l’incision est refermée à l’aide d’agrafes ou de points de suture.
Dans certains cas, une reconstruction mammaire immédiate est effectuée au cours de la même intervention, mais cela reste encore relativement rare, bien que la pratique tende à s’étendre. Lorsqu’une reconstruction mammaire immédiate est effectuée, il est parfois possible de conserver l’aréole et le mamelon du sein opéré, ce qui offre de meilleurs résultats esthétiques.
Quelques jours d’hospitalisation (entre 2 et 10 selon le profil de la patiente et le type d’intervention réalisée) sont nécessaires pour surveiller la cicatrisation, puis une visite postopératoire est effectuée 2 à 3 semaines après l’opération.
Suites d’une mastectomie dans le traitement du cancer du sein
La chirurgie mammaire est un traitement abrasif qui demande un certain temps pour guérir tout à fait. La plaie met souvent plusieurs semaines à cicatriser, mais les médicaments d’aujourd’hui offrent, dans la plupart des cas, une gestion de la douleur performante. Des antidouleurs et des anticoagulants sont prescrits pour améliorer le confort de la patiente et faciliter la guérison.
Bien que cela ne soit pas systématique, la mastectomie est souvent suivie d’autres traitements destinés à réduire le risque de récidive. La chimiothérapie et la radiothérapie, notamment, font partie de l’arsenal thérapeutique traditionnel de la lutte contre le cancer du sein qui accompagne typiquement la mastectomie.
Après la mastectomie : soins de support et reconstruction mammaire
Bien que méconnus, les soins de supports font partie intégrante du traitement contre le cancer du sein et sont entièrement remboursés par l’Assurance Maladie. Parmi eux, le soutien psychologique peut grandement aider la patiente à surmonter l’épreuve de la mastectomie et à retrouver une bonne qualité de vie malgré l’angoisse générée par l’annonce de la maladie, les différents traitements et la crainte d’une récidive.
Une infirmière conseillère en image peut aussi aider les femmes à se réapproprier leurs corps et à reprendre confiance en elles après une mastectomie. Comme évoqué plus haut, la reconstruction mammaire peut intervenir durant la mastectomie, mais, dans la plupart des cas, elle survient en différé, après l’ablation du sein. Il convient de noter qu’il n’y a pas de délais limite pour effectuer une reconstruction mammaire, et que cette opération peut intervenir des mois ou des années après la mastectomie, lorsque la patiente se sent prête.
Enfin, l’après-mastectomie implique un suivi médical régulier afin de surveiller l’apparition d’éventuelles métastases ou récidives. Depuis quelques années, la mastectomie est devenue une opération moins douloureuse, grâce à l’évolution de méthodes d’anesthésie et de chirurgie.
Bien qu’ils soient encore méconnus, un grand nombre de soins de supports peuvent aussi être mis à disposition des patientes pour les aider à surmonter cette épreuve et à retrouver une bonne qualité de vie.