Le cancer du sein reste toujours la première cause de mortalité des femmes atteintes par le cancer. Beaucoup de ces tumeurs sont hormonodépendantes. L’hormonothérapie est donc un des traitements de référence pour beaucoup de patientes atteintes par cette pathologie. Si elle présente des bénéfices indéniables face au risque de récidive, l’hormonothérapie engendre aussi des effets néfastes. Le point sur ce traitement fréquemment prescrit.
Hormonothérapie du cancer du sein : généralités
La majorité des tumeurs du sein expriment au moins un des récepteurs hormonaux, œstrogène (ER) et progestérone (PR). Les cancers du sein hormono-sensibles représentent ainsi entre 70 et 75 % des tumeurs mammaires diagnostiquées. L’œstrogène est la principale hormone incriminée dans le développement et la rechute du cancer du sein hormono-dépendant. Environ 15 % des cancers du sein expriment le récepteur HER2. Parmi eux, près de la moitié sont aussi hormono-dépendants. Lorsque le cancer n’exprime aucun de ces trois éléments, on dit qu’il est triple négatif.
Puisque de nombreux cancers du sein sont hormono-sensibles, l’hormonothérapie est un traitement standard dans la prise en charge thérapeutique de la maladie.
L’hormonothérapie est administrée soit comme traitement adjuvant afin de prévenir les récidives, soit dans un contexte palliatif lorsque le cancer présente des métastases.
En situation adjuvante, l’hormonothérapie est généralement prescrite pour une durée de 5 ans, ce qui permet de réduire significativement le risque de récidive, de développement d’une tumeur controlatérale, et la mortalité. Certaines études semblent aujourd’hui envisager de nouvelles recommandations concernant la durée de traitement, avec un allongement de celle-ci.
Le traitement antihormonal joue donc un rôle primordial en termes de pronostic. Cependant, l’hormonothérapie peut entraîner des effets indésirables qui peuvent parfois altérer la qualité de vie des patientes et les conduire à arrêter ce traitement. Il est donc très important de reconnaître et traiter ces effets secondaires pour conserver une bonne observance de l’hormonothérapie.
Le Tamoxifène
Chez les patientes préménopausées, la molécule la plus fréquemment délivrée est le Tamoxifène. Il s’agit d’un modulateur sélectif des récepteurs aux œstrogènes. Son action inhibe le développement des cellules cancéreuses. Ce traitement de référence a été développé dans les années 70 et permettrait, selon une vaste méta-analyse, de réduire le taux de récidive de 39 % à 15 ans.
Les anti-aromatases
Chez les femmes ménopausées, on opte plutôt pour les anti-aromatases, ou inhibiteurs de l’aromatase. Il est aussi possible d’alterner Tamoxifène et anti-aromatases. Utilisés depuis les années 90, les anti-aromatases peuvent être de deux types : l’inhibiteur stéroïdien irréversible (Exemestane) et les inhibiteurs non stéroïdiens réversibles (Létrozole et Anastrozole). Ces trois molécules ont des bénéfices similaires en termes d’efficacité et de toxicité.
Les anti-aromatases provoquent une nette diminution des taux d’œstrogènes circulants chez la femme ménopausée. Chez les patientes préménopausées, ils ne sont pas recommandés en monothérapie, car ils ne sont pas efficaces pour stopper la forte production ovarienne. Son action repose sur la transformation des androgènes d’origine surrénalienne en œstrogènes dans les tissus périphériques et les cellules cancéreuses.
Les molécules des traitements anti-aromatases font partie des traitements de référence, car elles présentent un bénéfice certain sur la réduction du taux de rechute et sur la survie des patientes.
Hormonothérapie : effets secondaires
Le traitement antihormonal présente donc de nombreux bénéfices dans le traitement du cancer du sein hormonodépendant. Toutefois, il peut provoquer des effets indésirables handicapants la qualité de vie des patientes. Pour que les patientes puissent continuer leur hormonothérapie confortablement, il est absolument indispensable de prendre en considération les effets secondaires qui se manifestent et de les traiter.
La plupart des effets indésirables provoqués par l’hormonothérapie sont similaires aux signes cliniques qui se manifestent à la ménopause :
- bouffées de chaleur ;
- sécheresse vaginale ;
- baisse de la libido ;
- douleurs articulaires (arthromyalgies) ;
- ostéopénie ;
- ostéoporose.
Par ailleurs, l’hormonothérapie est susceptible d’augmenter le risque thromboembolique, lorsqu’il existe d’autres facteurs de risque (intervention chirurgicale, fracture récente, immobilisation, vol longue distance…).
Chez les patientes sous Tamoxifène, il existe une légère augmentation du risque de développer un cancer de l’utérus. Ceci est dû à l’hypertrophie de l’endomètre qui peut être induite par ce médicament et concerne surtout les patientes âgées de plus de 55 ans. Des contrôles gynécologiques réguliers sont vivement recommandés pour surveiller l’apparition d’une tumeur de l’utérus.
Même si le cancer du sein a fait d’énormes progrès ces 20 dernières années concernant le pronostic vital, le taux de récidive reste non négligeable. Pour prévenir les récidives des cancers hormono-dépendants, l’hormonothérapie est un traitement fondamental. La bonne connaissance des effets indésirables et leur prise en charge thérapeutique pour les atténuer sont une nécessité absolue afin d’optimiser l’efficacité du traitement et d’améliorer la qualité de vie des patientes traitées.
Ce qu’il faut retenir :
- 70 à 75 % des tumeurs mammaires sont hormono-sensibles, c’est-à-dire qu’elles surexpriment l’œstrogène ou la progestérone.
- Face à ce type de cancer, l’hormonothérapie est le traitement systémique le plus efficace.
- Pour une efficacité maximale, il est recommandé de poursuivre l’hormonothérapie pendant 5 ans (en traitement adjuvant des cancers non métastatiques).
- Le Tamoxifène est généralement recommandé chez la femme préménopausée.
- Les anti-aromatases, quant à eux, sont plutôt conseillés chez la femme ménopausée.
Source :
Hormonothérapie dans le cancer du sein : efficacité et effets adverses