Déterminer le grade d’un cancer du col de l’utérus permet d’évaluer son agressivité, c’est-à-dire la rapidité avec laquelle il évolue.
De fait, l’aspect évolutif des maladies cancéreuses constitue la difficulté majeure de leur prise en charge et représente leur principal danger pour la santé des patientes.
Au fil de son évolution, une tumeur maligne du col de l’utérus peut envahir et endommager des organes proches, puis distants, de l’appareil reproducteur, d’où son potentiel létal que l’on ne retrouve pas chez les tumeurs bénignes.
Aussi, le grade d’un cancer du col de l’utérus peut affecter l’espérance de vie des patientes, aux côtés d’une multitude d’autres paramètres tout aussi importants à prendre en compte (stades, type de tumeur, profil de la patiente, traitements mis en œuvre, etc.).
La gradification du cancer du col de l’utérus, qu’est-ce que c’est ?
En oncologie, la gradification du cancer correspond à l’élaboration de son grade, c’est-à-dire de son agressivité.
Elle repose sur l’analyse histologique des cellules cancéreuses selon trois critères : la mitose (rapidité de multiplication des cellules cancéreuses), la différenciation (ressemblance entre les cellules cancéreuses et les cellules saines d’un même tissu) et la nécrose (zones de mort cellulaire).
La stadification du cancer, quant à elle, consiste à évaluer l’étendue de la maladie au moment de son diagnostic. Le stade du cancer correspond au nombre d’atteintes cancéreuses, au volume de cellules cancéreuses dans l’organisme et à leur localisation.
Le stade et le grade d’un cancer permettent de déterminer la gravité de la maladie au moment de son diagnostic, de prévoir l’évolution du cancer, de formuler un pronostic, et, au regard de tous ces éléments, d’établir une stratégie thérapeutique adaptée.
Dans le cadre du cancer du col de l’utérus, les choses sont un peu différentes : on procède habituellement à la gradification des dysplasies cervicales, et non du cancer en lui-même.
Les dysplasies cervicales sont des lésions causées par un papillomavirus, un type de virus sexuellement transmissible, en cause dans presque 100 % des cancers du col de l’utérus.
Une infection au papillomavirus ne cause pas toujours de dysplasies, et une dysplasie n’évolue pas toujours en cancer du col de l’utérus. C’est en fait une complication assez rare de l’infection, mais une pathologie fréquente au regard de l’ampleur de la population concernée.
On considère en effet que la plupart des femmes sexuellement actives seront exposées au papillomavirus au moins une fois au cours de leur vie. Ainsi, on a recensé plus de 3300 cas de cancers du col de l’utérus en France en 2020.
Les différents grades du cancer du col de l’utérus
Il existe différentes façons d’établir le grade des dysplasies du col de l’utérus. On distingue notamment la méthode Richart, basée sur l’analyse histologique des lésions, et celle de Bethesda, fondée sur l’analyse cytologique des cellules cancéreuses.
Les dysplasies cervicales de bas grade
Une dysplasie légère du col de l’utérus, ou lésion intraépithéliale de bas grade (LSIL, « Low Grade Squamous Intraepithelial Lesion ») selon la classification Bethesda, est une légère anomalie de l’épithélium (couche supérieure du col).
La classification Richart se veut plus précise en distinguant deux types de dysplasies de bas grade : le condylome (verrue génitale due au papillomavirus) et CIN1 (Néoplasie Intraépithéliale Cervicale) avec koïlocytose (cellules épithéliales infectées par le papillomavirus).
Il est important de retenir qu’une dysplasie légère n’est pas un cancer du col de l’utérus, mais une lésion précancéreuse de bas grade, c’est-à-dire une anomalie modérément susceptible d’évoluer vers une atteinte maligne.
Typiquement, les dysplasies cervicales de bas grade disparaissent spontanément dans 57 % des cas, persistent au même stade dans 32 % des cas, évoluent vers une lésion de haut grade dans 11 % des cas, et n’évoluent en cancer que dans 1 % des cas.
Les dysplasies cervicales de haut grade
Les dysplasies cervicales moyennes et sévères, ou lésions intraépithéliales de haut grade (HSIL, « High Grade Squamous Intraepithelial Lesion ») selon la classification Bethesda, sont des lésions plus importantes et/ou plus profondes des tissus du col utérin.
Parmi ces dysplasies cervicales de haut grade, la classification Richart distingue les grades CIN2 et CIN 3. Ces dysplasies sont toujours des lésions précancéreuses et non des cancers, mais elles sont plus fortement susceptibles d’évoluer vers un cancer.
Ainsi, les CIN 2 régressent spontanément dans 43 % des cas, persistent au même stade dans 35 % des cas, évoluent au stade suivant dans 22 % des cas et se transforment en tumeur maligne dans 5 % des cas.
Les CIN 3 régressent spontanément dans 32 % des cas, persistent au même stade dans 56 % des cas et se transforment en tumeur maligne dans 12 % des cas.
Le grade CIN3 de Richart (et HSIL de Bethesda) peut également correspondre à un Carcinome in-situ (CIS).
Dans ce cas, le carcinome n’est plus une dysplasie cervicale sévère, mais bien un cancer, non invasif. Il s’agit typiquement du premier stade ou du stade 0 (selon les classifications) du cancer du col de l’utérus.
Impacts du grade du cancer du col de l’utérus sur l’espérance de vie
En oncologie, un grade plus élevé correspond habituellement à un pronostic plus délicat, car la maladie présente un risque plus important d’évoluer trop rapidement pour être prise en charge suffisamment tôt pour obtenir une guérison durable ou définitive.
Cependant, dans le cadre du cancer du col de l’utérus, le grade de la dysplasie cervicale n’affecte réellement l’espérance de vie de la patiente qu’en l’absence de traitement précoce.
En effet, les dysplasies cervicales de haut grade (CN2 et CN3) peuvent être traitées avec succès dans la plupart des cas, et présentent un faible taux de récidive d’environ 4 %. Le grade impacte alors plutôt le type de thérapie mise en œuvre, plus lourde pour les dysplasies de haut grade.
En cas de cancer du col de l’utérus (CIS et cancer invasif), l’espérance de vie est davantage évaluée au regard du stade de la maladie au moment du diagnostic et de nombreux autres facteurs, tels que le profil de chaque patiente et le type de traitement mis en œuvre.