Le cancer du sein triple négatif est une pathologie rare, mais difficile à traiter. Pour cause, il ne répond habituellement pas aux thérapies hormonales et aux thérapies ciblées qui interviennent en renfort des traitements traditionnels du cancer du sein.
Aussi, il est une des rares formes de cancer du sein qui ne bénéficie que peu des avancées de la recherche oncologique, et dont la prise en charge et le pronostic stagnent.
L’immunothérapie pourrait cependant changer la donne dans la prise en charge du cancer du sein triple négatif, bien qu’elle n’en soit encore qu’à ses débuts.
Le cancer du sein triple négatif, qu’est-ce que c’est ?
Le cancer du sein triple négatif est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules composant les tissus mammaires. Il est souvent associé à une prédisposition génétique.
Le terme ‘triple négatif’, provient du fait qu’aucun de 3 capteurs hormonaux Œstrogène, Progestérone et HER2 ne sont présents sur les cellules cancéreuses, et de fait, les thérapies ciblant habituellement ces capteurs restent donc inefficaces.
Comme dans le cas de la plupart des autres types de cancers du sein, il s’agit le plus souvent d’un carcinome canalaire qui prend naissance dans les canaux galactophores du sein.
On rencontre également d’autres types de tumeurs mammaires triple négatif, comme des carcinomes lobulaires.
Le cancer du sein triple négatif est une pathologie relativement rare, puisqu’il ne représente qu’environ 15 % de tous les cancers du sein. Autre spécificité, il concerne essentiellement les femmes jeunes, de moins de 40 ans.
La plupart des autres cancers du sein concernant en effet les femmes de plus de 50 ans, avec un âge moyen au diagnostic de 63 ans.
Cette caractéristique inhabituelle le rend particulièrement dangereux, car les cancers survenant chez les personnes jeunes ont tendance à être plus agressifs – bien que chaque cas soit unique.
En général, les cellules cancéreuses sont pourvues de différents récepteurs, des protéines qui se lient avec certains facteurs (hormones, protéines, neurotransmetteurs, ion, etc.) afin de produire des effets biologiques.
Par exemple, lorsque des cellules possèdent des récepteurs hormonaux, ces récepteurs se lient avec les hormones produites par l’organisme, ce qui va induire une réaction cellulaire.
Les cellules saines du sein sont habituellement pourvues de récepteurs hormonaux, car les différents tissus mammaires sont sensibles aux hormones sexuelles féminines qui régulent leur développement et leur activité.
Les cellules cancéreuses du sein conservent habituellement les caractéristiques des cellules saines à partir desquelles elles se développent. Aussi, il n’est pas rare que les hormones sexuelles stimulent la croissance de tumeur cancéreuse.
Identifier les récepteurs présents sur certaines cellules cancéreuses peut donc grandement aider l’équipe médicale à lutter efficacement contre la maladie.
Pour cause, il devient alors possible de supprimer directement les facteurs qui les stimulent (comme les hormones) afin de ralentir l’évolution de la maladie, d’éliminer complètement une tumeur, ou simplement de réduire les risques de récidive.
Le cas du cancer du sein triple négatif est à part. Il s’agit en effet d’un cancer qui est négatif à trois des récepteurs couramment identifiés sur les cellules cancéreuses, et pour lesquels il existe d’ores et déjà des traitements efficaces.
Ainsi, le cancer triple négatif se distingue par l’absence de récepteurs HER2, de récepteurs hormonaux aux œstrogènes (ER) et de récepteurs hormonaux à la progestérone (PR).
C’est un cancer qui ne répond donc pas à l’hormonothérapie, couramment utilisée dans la lutte contre le cancer du sein, ni aux thérapies ciblant la protéine HER2, qui agit fréquemment comme un facteur de croissance sur les tumeurs mammaires.
Diagnostic du cancer du sein triple négatif
Le diagnostic du cancer du sein triple négatif est souvent tardif, et survient alors que le cancer est déjà à un stade avancé de son évolution.
Pour cause, il s’agit d’une tumeur cancéreuse que l’on rencontre fréquemment chez les jeunes femmes. Or, le cancer du sein est souvent associé à l’âge, et les patientes plus jeunes n’ont pas toujours le réflexe de consulter lorsqu’elles détectent une anomalie au niveau de leur poitrine, ce qui retarde le diagnostic.
Lors de la consultation, le diagnostic est établi à travers un examen clinique, des examens d’imagerie médicale (mammographie, scanner, échographie mammaire, I.R.M., etc.) et une biopsie.
Une biopsie mammaire est indispensable pour avérer le caractère triple négatif du cancer. En effet, c’est l’analyse anatomopathologique des cellules cancéreuses prélevées qui permettra de rechercher la présence de récepteurs et, le cas échéant, de les identifier.
Traitement du cancer du sein triple négatif
Puisqu’il est dénué de récepteurs hormonaux, le cancer du sein triple négatif ne peut pas être traité avec une hormonothérapie.
Il est habituellement soumis à l’arsenal thérapeutique traditionnellement utilisé dans la lutte contre la plupart des cancers : la chimiothérapie, la chirurgie oncologique et la radiothérapie.
Toutefois, l’intérêt des traitements locaux (chirurgie et radiothérapie) se trouve limité dès lors que le cancer a atteint un stade trop avancé de son évolution et est susceptible de s’être disséminé dans l’organisme.
En effet, la destruction des tumeurs locales ne peut empêcher les récidives si des cellules cancéreuses impossibles à localiser se sont dispersées à travers l’organisme. Ce type d’intervention peut toutefois apporter un certain confort lorsque les tumeurs sont devenues douloureuses ou gênantes.
La chimiothérapie, quant à elle, peut apporter une solution plus durable en éliminant les cellules cancéreuses disséminées à travers l’organisme avant qu’elles ne produisent de métastases.
Son fonctionnement systémique lui permet en effet d’atteindre les cellules cancéreuses où qu’elles se trouvent dans le corps. Elle peut ainsi permettre de contrôler durablement la maladie en ralentissant significativement son évolution.
Toutefois, du fait de sa haute toxicité pour les cellules saines, comme pour les cellules cancéreuses, la chimiothérapie ne peut être administrée qu’en dose limitée, ce qui entrave son efficacité.
Jusqu’alors, les options thérapeutiques pour traiter un cancer triple négatif à un stade avancé de son évolution étaient donc limitées tant par la toxicité de la chimiothérapie que par l’action résolument locale de la chirurgie et de la radiothérapie.
Les progrès de la médecine oncologique ont toutefois permis à un nouveau traitement de voir le jour : l’immunothérapie. Si l’immunothérapie en est encore à ses balbutiements, elle présente d’ores et déjà des résultats très prometteurs dans la prise en charge du cancer du sein triple négatif.
L’immunothérapie, ou thérapie biologique, est un traitement qui consiste à mobiliser les défenses immunitaires de l’organisme pour leur permettre d’éliminer les cellules cancéreuses.
Comme la chimiothérapie, à laquelle elle est souvent associée, c’est un traitement systémique qui peut atteindre les cellules cancéreuses où qu’elles se trouvent dans l’organisme. En revanche, elle est plus ciblée sur les cellules cancéreuses, et donc moins toxique pour les cellules saines.
Le cancer du sein triple négatif présente, encore aujourd’hui, un pronostic délicat, souvent sombre pour les patientes qui en sont atteintes.
L’arrivée de l’immunothérapie pourrait toutefois marquer un véritable tournant dans sa prise en charge, en apportant une alternative plus efficace et moins lourde.
Pour l’heure, ce type de thérapie en est encore à ses débuts et reste classiquement associé à la chimiothérapie, voire aux traitements locaux.
(SOURCE : https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/breast/what-is-breast-cancer/cancerous-tumours/triple-negative-breast-cancer ; https://rubanrose.org/blogue/journee-mondiale-du-cancer-du-sein-triple-negatif/ )