Plus de la moitié des patients sont malheureusement amenés à expérimenter la sensation de douleur au cours de la prise en charge de leur cancer. Ce chiffre tend à augmenter en présence d’une tumeur maligne de stade avancé. Même lorsque les traitements anti-cancer se terminent, un patient sur trois dit encore éprouver des sensations douloureuses.
La douleur peut provenir de causes différentes, être diffusée, locale, chronique ou bien aiguë. Habituellement, d’autres signes cliniques l’accompagnent.
Ceci peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie des personnes. C’est pourquoi il est primordial de réussir à la caractériser pour la traiter de manière efficace. L’équipe de soins responsables de votre parcours de santé peut vous aider à soulager cette douleur induite par la maladie ou ses traitements contre le cancer.
La douleur associés aux traitements anti-cancer
La douleur se caractérise non seulement par une sensation douloureuse ressentie par un individu, mais aussi par un panel d’expériences sensorielles et émotives plus ou moins désagréables selon son degré d’intensité.
Chaque personne ne ressent pas la douleur de la même manière, même chez des patients touchés par une même tumeur cancéreuse. En effet, la douleur est étroitement corrélée à :
- la sensibilité de chacun ;
- des facteurs physiques ;
- des émotions ;
- des attitudes ;
- un mode de vie ;
- un état de santé général, etc.
Tous ces facteurs peuvent avoir un rôle direct ou indirect sur le système nerveux de l’organisme. Par ailleurs, le type de cancer, son stade, son grade, ainsi que les traitements déjà réalisés ou ceux en cours influencent aussi la sensation douloureuse.
Les professionnels de santé impliqués dans votre prise en charge thérapeutique évaluent régulièrement cette douleur au cours de votre parcours de soins. Cette évaluation régulière permet de trouver un traitement capable de soulager au maximum la douleur et fait partie intégrante de tout traitement anti-cancer.
Lorsqu’elle n’est pas prise en charge, la douleur peut impacter négativement l’état d’esprit des patients et provoquer un stress, une anxiété ou une souffrance émotionnelle qui dégrade le moral et la qualité de vie.
Vous seul êtes en mesure de décrire votre ressenti face à la douleur. Il peut s’agir d’une sensation lancinante, constante, à type de brûlures, etc.
Traitements anti-cancer : les différents types de douleur
La douleur peut trouver son origine dans plusieurs causes : le cancer, ses traitements, ou des facteurs extérieurs.
1) La douleur liée à la maladie
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la présence d’une douleur directement liée au cancer.
Il peut s’agir :
- d’une tumeur qui appuie sur les organes, les nerfs ou les os ;
- une lésion osseuse ou fracture en raison de l’étendue de la pathologie ;
- une obstruction des vaisseaux causant une circulation sanguine difficile ;
- une inflammation ou infection de la tumeur ;
- une raideur musculaire ;
- de troubles de la posture ;
- de l’obstruction d’un organe/d’un tube.
Si la douleur s’amplifie, ou si vous constatez l’apparition d’une nouvelle douleur, cela ne veut pas forcément dire que votre cancer progresse ou qu’il se propage pour former des métastases.
2) La douleur liée aux traitements anti-cancer
Les traitements contre le cancer sont susceptibles d’engendrer des douleurs spécifiques à ceux-ci. Par exemple, la chirurgie peut entraîner des douleurs liées à la cicatrisation. La radiothérapie peut induire des douleurs liées à des inflammations. La chimiothérapie peut provoquer des douleurs au niveau des extrémités des membres inférieurs et supérieurs (décharges électriques, fourmillements).
Gestion de la douleur : comment la caractériser ?
La douleur peut revêtir plusieurs aspects. Certains patients peuvent ne pas en ressentir du tout. D’autres, en revanche, peuvent en ressentir plusieurs.
Sa durée
La douleur peut se caractériser par sa durée. Ainsi, on distingue :
- La douleur aiguë : d’apparition soudaine, elle dure entre quelques jours et quelques semaines et disparaît à la guérison du corps. Son intensité varie. Elle peut se déclencher même sous traitement antidouleur à faible dose, et être exacerbée par des facteurs externes comme d’autres maladies ou l’anxiété.
- La douleur chronique : elle persiste au-delà de 3 mois et peut survenir même après la guérison du corps humain.
Son origine
Il est important de trouver l’origine et la localisation de la douleur pour proposer le traitement le mieux adapté. Ainsi, on distingue :
La douleur directe nociceptive :
provoquée par une agression de l’organisme (infection, inflammation, traumatisme, pathologie…) qui agit directement sur les récepteurs sensibles à la douleur. Il peut s’agir d’une douleur osseuse (en cas de propagation de la maladie ou de détérioration osseuse), d’une douleur viscérale (en cas de pression ou lésion sur un organe) ; d’une douleur des tissus mous (lorsqu’un muscle ou un tissu mou est touché, douleur généralement lancinante et vive).
La douleur neuropathique (aussi appelée douleur nerveuse ou neurogène) :
liée à une lésion nerveuse ou à la pression sur la moelle épinière ou sur un nerf. On emploie également le terme de neuropathie. Elle se traduit par une sensation de brûlures ou de picotements. On parle de neuropathies périphériques si la douleur concerne les extrémités des membres inférieurs ou supérieurs. Le syndrome douloureux post-mastectomie fait partie de ce type de douleurs. Une neuropathie peut être associée à une douleur nociceptive.
Sa localisation
La douleur peut être localisée, c’est-à-dire qu’elle se déclenche directement dans la zone de l’affection et ne se propage pas forcément dans d’autres parties de l’organisme.
Elle peut aussi être projetée. Dans ce cas, le patient ressent la douleur à distance du siège initial du trouble. C’est par exemple le cas en présence d’une douleur d’un membre inférieur en présence d’un trouble affectant le bas du dos.
Il existe aussi la douleur fantôme. Celle-ci apparaît dans une partie du corps qui a été retirée par chirurgie (typiquement, ressentir une douleur dans un sein après son ablation). Ce type de douleurs est particulièrement difficile à prendre en charge par un traitement médical courant.
En fonction de votre description de la douleur, l’équipe médicale impliquée dans votre suivi peut évaluer son degré et son impact dans votre vie de tous les jours. Un interrogatoire peut être fait en ce sens pour déterminer la date d’apparition de la douleur, sa localisation, sa fréquence, son intensité (habituellement mesurée à l’aide d’une échelle allant de 0 à 10), sa périodicité (diurne, nocturne), les facteurs qui la déclenchent, l’aggrave ou la soulage, ainsi que les traitements antidouleur déjà instaurés.
Douleur liée aux traitements du cancer : les facteurs aggravants
Plusieurs éléments sont susceptibles d’aggraver la sensation de la douleur. Les plus impactant sont :
- une asthénie marquée, qui affecte négativement la douleur ressentie ;
- les émotions négatives (induites par la douleur ou la maladie, comme l’anxiété, la colère, l’irritabilité…) ;
- les facteurs environnementaux tels que l’entourage, le foyer ou les activités socioprofessionnelles (qui peuvent avoir un impact positif comme négatif).
Par ailleurs, la façon dont vous pensez à votre douleur peut avoir un réel impact direct sur votre ressenti. Par exemple, si elle vous accable, il y aura une aggravation de votre perception. Si en revanche vous la trouvez supportable, elle sera plus facilement acceptée.
Comment traiter la douleur ?
Selon l’origine de la douleur et sa durée, votre équipe médicale établit une stratégie thérapeutique.
Si la douleur est directement imputable à votre pathologie, le traitement de la douleur passe tout d’abord par le traitement anticancer et peut comprendre une chirurgie, une radiothérapie, une chimiothérapie ou une immunothérapie.
Votre oncologue peut aussi instaurer un traitement antidouleur adapté à vos symptômes. Ce traitement antidouleur peut associer des médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires et des traitements non médicaux comme la kinésithérapie, la physiothérapie, un suivi psychologique, etc. Lorsque cela est nécessaire, un geste local est aussi proposé.
Qui peut m’aider à gérer la douleur ?
Votre médecin généraliste est souvent le premier interlocuteur de votre prise en charge thérapeutique et doit être intégré tout au long de votre parcours de soins.
Toutefois, il est conseillé de faire appel à vos spécialistes (oncologue, radiothérapeute, chirurgien) pour gérer la douleur suite aux traitements anti-cancer. Ces derniers sont plus à même d’être en possession de toutes les informations utiles concernant votre maladie et ses traitements, même si ces informations sont ensuite transmises à votre médecin traitant.
De plus, votre médecin oncologue est en relation avec des médecins et services spécialisés dans la douleur (soins de support, équipes mobiles).
D’autres interlocuteurs peuvent faire partie intégrante de la prise en charge de votre douleur en fonction de ses caractéristiques : infirmière, psychologue, kinésithérapeute…
En résumé
- La douleur suite aux traitements anti-cancer peut revêtir divers aspects, intensités, et durées et avoir de nombreuses causes différentes
- L’instauration d’un traitement antidouleur est entièrement personnalisée
- Ses bénéfices peuvent parfois être longs à se faire sentir, car il faut souvent essayer diverses associations de traitements afin de trouver la solution la plus efficace pour vous
- Votre douleur est évaluée tout au long de votre parcours de soins pour contrôler les résultats de la stratégie mise en place
- Si les diverses stratégies thérapeutiques antidouleur ne réussissent pas à apporter de réels bénéfices au patient, votre oncologue peut faire appel à un médecin ou service spécialiste de la gestion de la douleur